Visite chez Axelle (productrice de volailles du cabas)

Nous étions une quinzaine pour cette belle journée ensoleillée sur les coteaux du Tarn.

A notre arrivée, on s’installe avec un café (et des gâteaux « reine de saba » au chocolat) sous le chêne au moins tricentenaire de la terrasse.

L’âge de l’arbre est évalué d’après la technique de construction de la maison : terre agrégée en tumulus, puis coupée. Cette technique a été abandonnée depuis 300 ou 400 ans ! La maison est grande est confortable, entourée de 8 ha de terrains d’un seul tenant. Lorsqu'Axelle et Patrick se sont installés, la maison était beaucoup plus petite et rustique !

Axelle nous recommande le livre : de Benoit Biteau « Paysan et résistant » qui est venu la veille vers Salvagnac faire une conférence. Récit de vie (donc pas du tout rébarbatif à lire), il montre qu’une agriculture respectueuse de la terre est possible. BB est élu européen depuis les dernières élections.

Axelle nous raconte son parcours. Comment avec Patrick son compagnon, ils ont quitté Paris il y a 40 ans pour s’installer à Clayrac. Axelle, après des études littéraires, après des séjours chez des parents exploitants agricoles, après une formation technique agricole, a progressivement mis en place l’élevage d’aujourd’hui. Patrick a continué à travailler dans l’informatique (syndicaliste) jusqu’à il y a 4 ans.

Ils ont fêté en mai dernier les 40 ans de Clayrac et les 65 ans d’Axelle, entourés de leurs 3 enfants qui leur avaient fait la surprise de venir des 4 coins du monde où ils sont installés.

Axelle est très engagée dans le projet de territoire autour de Salvagnac. Un réseau militant actif, qui lutte contre le barrage de Sivens en essayant de mettre en place une alternative à l’agriculture conventionnelle. Elle nous raconte toute sa démarche : comment elle a progressivement abandonné les pieds de vigne qui étaient sur le terrain à leur arrivée. Les liens forts qu’elle a noués avec des personnalités locales qui l’ont amenée à la démarche Nature et Progrès (depuis 2003). Elle a participé à des projets structurants dont elle nous raconte la mise en place après de nombreuses aventures : la création d’une CUMA (Coopérative d’Utilisation du Matériel Agricole) ; la création d’un abattoir où Axelle envoie actuellement ses animaux et où elle cuisine les produits transformés qu’elle nous propose au cabas.

Nous partons faire le tour de la ferme : pour aller voir les brebis et les volailles.

Nous sommes accompagnés du chien patou, très gros et très gentil qui garde le territoire de la ferme : il ne veut absolument pas le partager avec d’autres chiens (sauvages ou non), et joue donc un rôle très important dans la protection de l’élevage.

Nous pénétrons dans le hangar, arrêt sous le silo de blé.

Axelle nous explique le régime des volailles : Blé et féverole (petite fève) et mélange spécial pour les poussins (granulés bio certifiés du commerce à base de blé et de maïs).

Un pistolet pour faire ingérer un produit contre le tétanos. Axelle nous fait sentir le bidon d’origan (elle fait boire de l’eau avec une dose d’origan à ses brebis pour les vertus dépuratives de celui-ci). Elle donne aussi des oligo-éléments à ses animaux.

Plus loin dans ce hangar, c’est la bergerie. Où habitent les 39 brebis et 2 béliers (dénommés Eusèbe 6 et Eusèbe 7).

Voici les cages pour obliger les brebis à rester avec leur agneau les premiers jours (les brebis n’ont pas trop l’instinct maternel). Dans le fond, un endroit où seuls les agneaux peuvent se rendre pour un régime spécial. Axelle laisse les béliers en permanence avec les brebis, du coup les agnelages sont très échelonnés. Les agneaux sont gardés jusqu’à 6 à 9 mois. Les brebis restent dehors toute la belle saison (en rentrant chaque nuit quand il fait frais), elles sont rentrées à partir de la Toussaint. Les brebis sont élevées pour la viande.

Les brebis ne sont pas pucées, elles portent des boucles d’identification dans les oreilles. Il faut dire que les puces électroniques sont difficiles à lire, il faut maintenir la tête de la bête dans le bon angle pour le lecteur, et en plus l’abattoir n’est pas équipé pour lire les puces. Axelle pense qu’il est cependant nécessaire de pucer les bébés chiens avant de les vendre : cela décourage les propriétaires des chiens de les abandonner si finalement le chien ne leur convient pas. Pour les chevaux de concours aussi le puçage est obligatoire : efficace contre les fraudes…
Les poulets sont bagués par lots

Quelques lapins sont élevés : pour l’usage d’Axelle. Ils mangent de l’herbe fraîche et sont abattus sur place.

Voici l’abri des 15 poules pondeuses… Où Axelle part à la chasse aux œufs quotidiennement. Il y a une petite barrière pour éviter que le chien ne mange les œufs. Les poules vadrouillent autour de leur abri… Il est important de bien toujours refermer toutes les barrières : du potager, du jardin autour de la maison…

Les poules pondeuses sont magnifiques : voilà les blanches, les préférées d’Axelle. Il y a 2 coqs aussi.

Voici la pièce des chapoulaits. Cherchez pas, le terme est inventé par Axelle… Les chapoulaits sont élevés dans un ancien box de chevaux. Il y a eu des chevaux à la ferme jusqu’à récemment. C’est Patrick qui s’en occupait.

Ce sont des poulets mâles « faux chapons » pas castrés, mais qui sont invités à rester à l’intérieur avec un régime très riche (dont du lait). Du coup ils font du gras et on les mange pour les fêtes… … Axelle les reçoit sous forme de poussins (race shaver), ils viennent de l’Isle Jourdain.

On passe devant la « poussinière » toute prête pour recevoir les nouveaux poussins qui arrivent demain. Axelle préfère acheter les poussins, âgés de quelques heures (c’est difficile de faire du couvage, il y a beaucoup de pertes de poussins). Elle les achète par lots de 400 (6 lots par an environ : 2 de canards et 4 de poulets) non triés (mâles et femelles mélangés). Les poussins restent dans la poussinière quelques jours, nourris aux « granulés bébés » jusqu’à l’apparition de leurs plumes. Les premiers jours, la pièce est chauffée à 38°C. Dès leur sortie à l’extérieur, ils sont bagués.

On s’éloigne un peu du hangar jusqu’au premier « atelier ». C’est une structure qui héberge un lot de poules (issu des 400 poussins). Il y a 3 ateliers dans l’exploitation : 2 poulets et 1 canard et Axelle les visite quotidiennement dans l’ordre « sanitaire » : les plus jeunes d’abord et les canards en dernier, pour ne pas transmettre des bactéries à l’élevage suivant. Nous ferons de même pour la visite.

Le premier atelier est vide : il attend les prochains poussins. Axelle profite du vide pour nettoyer à fond l’atelier (vide sanitaire). Dans un atelier : des mangeoires jaunes et des distributeurs d’eau. L’eau est amenée par des tuyaux s’écoulant depuis le grand réservoir. Axelle a placé un ballon dans chaque réservoir : quand le ballon apparaît c’est que le réservoir est rempli !

Dans le pré à côté des ânes : ce sont ceux d’amis voisins qui font des randonnées avec les ânes. Ils remplacent les chevaux de Patrick qui pâturaient dans le champ. Les ânes sont très utiles pour éloigner les renards : ils les attaquent et cherchent à les piétiner. Il faut dire que les renards sont nombreux dans le coin. Axelle a demandé récemment une battue à la société de chasse, les renards venaient égorger les poules même en leur présence (perte de 400 bêtes). Les chasseurs leur ont dit avoir trouvé une vingtaine de renards.

En nous dirigeant vers le deuxième atelier, nous apercevons les brebis… Axelle a complété leur ration avec une botte de fourrage. Les ateliers sont assez éloignés pour éviter que les poulets ne se mélangent.

Voilà les poulets au niveau de l'atelier n°2, ils sont de la race cou-nus… C’est une race connue pour la bonne qualité de sa chair. Aujourd’hui tous les poulets sont à l’intérieur parce qu’il y a du vent. Les mâles et les femelles sont mélangés, les mâles grossissent plus vite, donc partent en premier pour l’abattage.Les poulets sortent quand ils veulent, vont où ils veulent, ne sont jamais limités dans leur espace (ils rentrent spontanément chaque soir)

Le troisième atelier héberge les canards...

et quelques oies (pour les fêtes). Il est bien distant du deuxième atelier. L’odeur est forte…

certains ont les plumes abîmées : les canards se bagarrent entre eux. A terre les bambous qu’utilise Axelle pour rentrer les canards tous les soirs.

Un beau champ plus bas : c’est une zone humide qui a été plantée de peupliers il y a 37 ans. Quelque temps après la naissance de Sarah, Axelle venait y garder les brebis avec son couffin. L’endroit est magnifique et reste frais en été.

Les bois autour appartiennent à Axelle et Patrick, ils les exploitent pour leur consommation personnelle de bois de chauffe. (25 stères par an)

Et pendant les vacances ? Axelle dit que c’est difficile de confier la ferme à d’autres personnes, même de confiance… Pourtant il faudra bien trouver une solution dans quelques années quand Axelle et Patrick décideront d’arrêter l’exploitation.

De retour de la visite, repas pantagruélique sous le chêne !

Après le repas, sieste, ou baignade dans la piscine, ou balade jusqu’à Salvagnac.

On se retrouve au café associatif qui vient d’ouvrir à Salvagnac : « le bord du monde ». C’est là que se déroule un marché de producteurs une fois par mois. Au café associatif Yvan (qui était venu à la journée VRAAC) commence à développer un groupement d’achat couplé à ce marché.

Et pour clôturer la journée (bien remplie) on va écouter Vincent Roca, spectacle organisé par la mairie de Salvagnac (en lien avec la scène nationale d’Albi) … Décidément il se passe plein de choses dans le Tarn autour de Salvagnac…

Un grand merci à Axelle pour cette belle journée !